jeudi 18 septembre 2008

paru dans la revue BASES n°246 Fév. 2008

Quels liens entre Hildegarde de Bingen, mère Abbesse d'un couvent de bénédictines au Moyen-Âge sur la rive Ouest du Rhin, Pierre de la Ramée, philosophe et mathématicien à la Sorbonne durant les désordres et les carnages des guerres de religion, le bibliothécaire de Voltaire à la veille de la Révolution Française, Paul Otlet, l'inventeur de la Classification Décimale Universelle et Suzanne Briet, Madame Documentation à la Bibliothèque Nationale?

samedi 16 août 2008

Biblio-fictions


Objets autant spirituels que matériels, les livres font aussi d’excellents sujets de romans.

par Martine Desjardins
publié dans L'actualité du 1er septembre 2008

Cliquez ici pour lire des extraits de ces romans.

Malgré les rumeurs grandement exagérées de sa mort, le livre imprimé résiste vaillamment aux assauts du numérique. Mais pour combien de temps encore ? Le papier électronique est maintenant assez perfectionné pour offrir des heures de lecture en tout confort sur des appareils faciles à utiliser. De la taille d’un livre de poche mais deux fois plus légers, le Cybook européen ou le Kindle — lancé récemment par la librairie en ligne Amazon — sont de véritables bibliothèques portatives pouvant contenir de 200 à 10 000 titres !

Devant cette diversité technologique, le livre semble ressentir un malaise identitaire, qui se traduit par un certain repli sur soi. Ils sont maintenant nombreux les romans dans la même veine que Le nom de la rose, d’Umberto Eco, ou Si par une nuit d’hiver un voyageur, d’Italo Calvino, qui tournent autour des livres. Les biblio-fictions, comme Le club Dumas, d’Arturo Perez-Reverte, L’ombre du vent, de Carlos Ruiz Zafón, La règle de quatre, d’Ian Caldwell et Dustin Thomason, L’historienne et Drakula, d’Elizabeth Kostova, Le treizième conte, de Diane Setterfield, sont d’ailleurs en voie de constituer un genre à part, avec leurs thèmes de prédilection. Parmi ceux-ci, citons la bouquinerie, la bibliothèque secrète, l’auteur oublié, le manuscrit retrouvé, le livre maudit, l’édition rare, l’exemplaire unique, la page manquante — autant de pièces d’insolubles puzzles littéraires.

Les auteurs de biblio-fiction, grands nostalgiques du vélin et du maroquin, présentent tous les symptômes de la bibliomanie et même de la bibliolâtrie. « Et si la forme physique du livre était porteuse d’une révélation, d’une vision philosophique du cosmos ? d’une conception de l’homme et de sa place dans l’univers ? » avance Sylvie Fayet-Scribe. Dans son premier roman, La table des matières, elle lance une conservatrice de musée sur les traces d’une gravure arrachée aux pages de l’encyclopédie de sainte Hildegarde de Bingen. Cette enquête, qui met en scène à la fois des trafiquants de manuscrits anciens à la Bibliothèque nationale de France et les responsables du meurtre d’une bibliothécaire américaine, est un prétexte à peine déguisé pour relater l’histoire de la documentation et de ses instruments : l’ordre alphabétique, la chronologie, l’index, la bibliographie, la table des matières... Sylvie Fayet-Scribe ne néglige pas pour autant les défis que pose la conception des moteurs de recherche destinés à la Toile et fait dire à l’un de ses personnages : « Il faut apprendre à tous les outils de la recherche documentaire. Son fonctionnement n’est autre que celui de notre société à venir. »

On peut retracer les origines de la biblio-fiction au chapitre sept de Pantagruel, dans lequel Rabelais dressait le répertoire de la librairie de Saint-Victor, avec 150 titres loufoques comme Les aises de la vie monachale ou La profiterolle des indulgences. Mais c’est l’écrivain argentin Jorge Luis Borges qui a véritablement jeté les bases du genre avec « La bibliothèque de Babel », et surtout « Le livre de sable », nouvelle écrite en 1975 où le narrateur entre en possession d’un volume au nombre infini de pages. Si quelqu’un mérite le titre d’héritier de ces deux précurseurs, c’est bien le Canadien Thomas Wharton, qui ne cesse de réinventer le livre avec une puissance d’imagination éblouissante. Son dernier ouvrage, Logogryphe, est plus qu’une simple bibliographie de livres imaginaires : c’est l’édification de toute une mythologie littéraire, où les livres deviennent des êtres merveilleux ou monstrueux, capables de déverser leur contenu comme une armoire trop pleine, de réordonner phrases et paragraphes quand on a le dos tourné, d’absorber ce qui les entoure comme un trou noir. Livres-îles désertes où les lecteurs sont naufragés, romans atlantidéens que l’on parcourt à la nage, ouvrages pétrifiés d’une bibliopole en ruine servent de points de départ à des nouvelles où l’on voudrait se perdre.

Dans les biblio-fictions, les livres sentent toujours un peu le vieux grimoire. Celui dont parle La fin des mystères, de Scarlett Thomas, a la réputation de causer la mort de quiconque le lit. En fait, il transporte les consciences dans un univers métaphorique si captivant qu’elles en oublient de réintégrer leur corps. Cet univers est une expérience de pensée — un modèle comme en construisent les spécialistes de la physique relativiste ou quantique pour expliquer certains paradoxes (les trains filant à la vitesse de la lumière d’Einstein, par exemple). L’héroïne du roman s’y rend afin de remonter jusqu’aux origines de la conscience. « Il a dû y avoir un instant précis où la première étincelle de conscience est apparue », dit-elle, conjecturant que le miracle qui s’est produit pour les premiers animaux pourrait se reproduire, pourquoi pas, dans le cas des livres. Si cela s’avère, ces derniers ne sont pas près de devenir obsolètes.

dimanche 15 juin 2008

La Table des Matières - Premier roman 2007

Présentation de l'éditeur
Qui a torturé puis assassiné Margaret Penfield, une respectable bibliothécaire américaine ? Et pour quel mobile ? Parce qu'elle avait identifié la plante qui promet l'immortalité décrite par Hildegarde de Bingen au XIIe siècle ? Pour Laurette Lerbier, révéler au grand public, le nom de cette plante fabuleuse serait le point d'orgue de l'exposition sur les jardins qu'elle prépare au Muséum d'histoire naturelle de Paris. Laurette décide de jouer les Miss Marple et se lance à la recherche de l'énigmatique source de jouvence.
L'enquête la mène dans le monde méconnu des précurseurs d'Internet. Des savants de la Renaissance aux encyclopédistes - mondialistes de la fin du XIXe siècle, en passant par les jansénistes de Port-Royal et les bibliographes révolutionnaires du siècle des Lumières, le but de sa quête ne cesse de se dérober alors que les menaces se font plus précises. Accompagnée du séduisant Lucas du Prat, savant botaniste de la police scientifique, Laurette pourra-t-elle déjouer ce qui ressemble de plus en plus à un complot féministe international aux desseins bien mystérieux ? Un roman historique qui emprunte les chemins de l'intrigue policière, dans le clair-obscur des bibliothèques et la lumière des jardins.

Détails sur le produit
* Broché: 452 pages
* Editeur : Editions du Panama (24 septembre 2007)
* Langue : Français
* ISBN-10: 2755701757
* ISBN-13: 978-2755701753

mardi 15 avril 2008

La Table des Matières sur le site web du Mundaneum

Un roman historique qui emprunte les chemins de l’intrigue policière. Un voyage érudit dans le clair-obscur des bibliothèques. Agatha Christie au pays de J. L. Borges.

www.mundaneum.be

lundi 18 juin 2007

La génèse de La Tables des Matières

Ayant formé et enseigné aux futurs documentalistes et indexeurs du Net pendant 12 ans à la Sorbonne, cela m’a amené à réfléchir sur la manière dont l’information est classée avant l’informatisation de l’écrit et maintenant sur le web, j’ai tenté de dresser une sorte de « géographie de l’accès » à l’information : Tout d’abord par une chronologie générale parue sur le web en 1997 (Chronologie des supports, des dispositifs spatiaux, des outils de repérage de l’information), puis par un travail d’Habilitation à Diriger des Recherches soutenue en 1998 à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (cf. Histoire de la documentation en France 1895-1937 parue en 2000 aux éditions du Cnrs), enfin par ce roman La Table des Matières édité aux éditions Panama, dirigées par Jacques Binsztok (l’éditeur au Seuil du Monde de Sophie de Jostein Gaarder et du Théorème du Perroquet de Denis Guedj ).
La Table des Matières est une saga historique, du 12e au 21e siècle, qui emprunte la forme du polar pour faire découvrir l’histoire des créateurs et des créatrices de l’accès à l’information.
Au-delà de l’enquête policière - par moment parodiée - le lecteur est amené à découvrir des outils d’accès à l’information et des attitudes cognitives de recherche.
De la classification dans une vision analogique du monde des sciences naturelles dans l’encyclopédie d’Hildegarde de Bingen au 12e siècle, en passant par la table des matières de Pierre de la Ramée au 16e siècle, bijou de l’esprit déductif, en continuant par l’ordre alphabétique imposé des dictionnaires au 17e siècle ; l’accès est poussé avec le jeu abductif des cartes à jouer/fiches de bibliothèque vers l’élaboration des grands catalogues et bibliographies universelles au 18e siècle. Et comme le créateur de la carte à jouer devenu fiche est inconnu, j’ai inventé un personnage, le libertin Alexis Wagnières.
On aboutit à la fin du 19e siècle à « l’internet de papier » inventé en Belgique par Paul Otlet qui étend encore l’accès en créant des millions de fiches pour un catalogue et une classification mondiale francophone (la CDU) qui rend compte d’une indexation internationale de la production intellectuelle de la planète. La fiche alliée à la classification permet de choisir par abduction (et/ou/sauf) entre les mots-clés.
Enfin, tous ces outils intellectuels et leurs supports se massifient au 20e siècle, pendant que les attitudes de recherche perdurent et se joignent aux nouvelles sur Internet.
Pour mener son enquête, l’héroïne du roman, Laurette Lerbier, , se laisse guider par les évènements comme les hommes et les femmes du 21e siècle qui se dirigent de plus en plus par abduction et hasard - concept nommé joliment par l’expression « sérendipité » issue de l’anglais – grâce aux nouveaux « robots de recherche » circulant sur Internet.
Toutefois, il est probable que nous ne soyons pas au bout du cycle de l’invention des outils correspondants aux attitudes abductives. Car cette histoire s’exprime sur un temps très long, et les outils traditionnels installant des ordres alphabétiques, analogiques ou déductifs ne sont pas dépassés actuellement. Les classifications restent toujours nécessaires. De plus, les travaux actuels sur les cartes sémantiques essaient de déterminer la nature des liens entre deux mots-clés. Dans le roman, on voit un personnage secondaire, Martine Lartin, construire une carte sémantique.
Pour mieux saisir de manière romanesque ces hommes et femmes du passé, de chair et de sang, familiers de ces inventions, j’ai choisi la métaphore du jardin, peut-être inattendue. Un chercheur s’oriente avec un outil d’information, comme un promeneur dans un jardin, au sein des allées, des carrefours et des labyrinthes du savoir. Les jardins, miroirs de nos ordres et désordres, permettent de mieux donner l’image spatiale et évolutive, car vivante de nos manières anciennes et présentes d’appréhender l’accès. Je regrette à ce propos que les images de jardin que j’avais dessinées pour ce roman n’aient pas pu être intégrées au texte édité. Dans ces « microcosmes verts », loin du « noir citadin » souvent habituel à l’atmosphère du polar, le lecteur est mis dans la position du chercheur d’informations, d’indices, tout comme Laurette Lerbier, la jeune bibliothécaire du roman, l’est parfois au fur et à mesure de l’avancement de son enquête.
Laurette Lerbier est une jeune femme féministe. Elle explore peu à peu une culture féminine, féministe et chrétienne multiséculaire à travers l’ordre des vierges. Ce dernier appartient à une réalité historique largement oubliée : Sainte Geneviève et Jeanne d’Arc n’ont pas été retenues pour leur appartenance à cet ordre qui existe depuis les débuts de la chrétienté. Alors que la mode romanesque est d’ouvrir la voie de l’étrange et du faux historique dans la droite lignée du « Da Vinci Code », ce roman présente des faits historiques véritables.
A travers ce polar féministe, saga verte de la société de l’information, j’ai essayé aussi en passant d’un siècle à l’autre de renouer avec le plaisir des mots propres à chaque époque. Le pastiche est parfois emprunté comme exercice de style pour rendre la joie goûteuse de personnalités émouvantes qui ont eu du bonheur à partager leur connaissance avec les autres.
C’est bien là l’essentiel, ces femmes et ces hommes ont vécu leur désir de transmettre du savoir aux autres, une sorte de sensualité au monde et à la terre, notre "jardin planétaire".

Sylvie Fayet-Scribe

dimanche 15 avril 1990

Associations féminines et catholicisme. XIX ème XX ème siècle.

Auteurs : FAYET-SCRIBE, Sylvie
    Editions Ouvrières (Editeur )
    Date de parution : 1990
    Nbre/N° de page : 211 p.
    ISBN : 2-7082-2615-0
    Cote : ASS 6 FAY
    Quel rôle les femmes ont-elles joué dans le mouvement d'action sociale et d'éducation populaire qui marque le tournant du siècle, puis de l'entre-deux-guerres ? Quelle est leur place au sein des associations appartenant au courant du catholicisme social ? Ou du militantisme laïque de la fin du XIXe siècle ? Prenant en compte tous les besoins des populations, du sanitaire au culturel ces militantes insistent sur la place de la prévention et de l'éducation.

    Descripteurs : EDUCATION POPULAIRE ; EVOLUTION HISTORIQUE
Edition : Eglises Sociétés
Lieu d'édition : Paris
Pays d'origine : France
Langue : Français
N° Inventaire : 15718
Thème : EDUCATION POPULAIRE